mardi 26 mars 2013

Labiche par Peter Stein à l'Odéon: à mourir de rire!
Peter Stein's Inszenierung am Odéon: Labiche zum Totlachen!

Voilà un bel exemple de l'amitié Franco-Allemande!
Un Berlinois déclare en effet son amour pour un Français. Le grand metteur de scène Allemand Peter Stein s'attaque au patrimonial Eugène Labiche. Et en français 'bitteschön'! Avec des pointures, comme Jacques Weber, s'il vous plait!

C'est son premier travail dans une langue qu'il a longtemps admiré de loin, et dans un genre auquel il ne nous avait pas habitué, une comédie de boulevard.
Peter Stein, qui fût un des fondateurs de la prestigieuse "Schaubühne" de Berlin (et son directeur pendant 15 ans), et qui a réussi de belles scénographies au théâtre et à l'opéra (mémorables interprétations de Tchekhov, Ibsen ou Kleist, notamment ...), stupéfait l'Odéon! Il fait rire le public, ce qui n'est pas courant chez lui. Jusqu'aux larmes!

"Le Prix Martin", œuvre tardive d'Eugène Labiche, a été écrite en 1876, douze ans avant sa mort. Une pièce méconnue, comparativement à d'autres plus souvent montées, comme le fameux "Chapeau de paille d'Italie" (1851).
"Une bouffonnerie que je trouve, moi, pleine d'esprit", a dit en son temps Gustave Flaubert, l'autre géant des mots, lors de la première au Palais Royal.

Le thème central de cette comédie bourgeoise en trois actes, ce sont les relations amoureuses de trois couples: l'amour trompé d'un mari, Ferdinand Martin; l'amour aventureux d'un cousin sud-américain; et l'amour insatiable d'une jeune mariée.
Une écriture théâtrale extrêmement bien construite, qui monte en puissance d'acte en acte, et qui nécessite surtout des comédiens à la carrure imposante.
C'est là, que Peter Stein montre son nez artistique, sa vrai grandeur: en confiant le rôle titre à Jacques Weber. Allure fringante et (fausse) chevelure éclatante, l'acteur est simplement d'une drôlerie parfaite, se mariant  formidablement bien avec les autres comédiens, non moins "rigolos". Et surtout avec Laurent Stocker (l'ami malade), "emprunté" à la Comédie Française, qui forme avec l'immense Weber un duo épatant digne de Laurel et Hardy.
On moque souvent l'austérité et l'absence d'humour des Allemands...
Mais ça, c'était avant... Avant Peter Stein, qui en 2h30, fait exploser ce cliché!


Zur Deutsch-französischen Freundschaft hier ein wunderschönes, ungewöhnliches Beispiel:
ein Berliner Intellektueller erklärt seine Liebe zu einem bodenständigen Franzosen! Der grosse Regisseur Peter Stein umarmt das Nationalgut Eugène Labiche. Auf französisch und mit hexagonalen Stars - s'il vous plaît.
Die Produktion am Pariser Odéon ist seine allererste Regiearbeit "en français", und ausgerechnet noch in einem Genre, das bisher nicht seinen Namen trägt - eine gewaschene Boulevardkomödie, die nicht französischer sein kann.
Peter Stein, Mitbegründer und langjähriger Chef der "Berliner Schaubühne", eine Referenz für cerebrales deutsches Elite-Theater, hat uns unzählige Glücksmomente zelebriert -Tschechow, Ibsen, Kleist - und Opern von Berg bis Bartok an anderen Häusern. Aber gelacht, so richtig, bis die Tränen kommen, haben wir selten bei einer "Stein-Inszenierung"! Das war vor dem Pariser Odéon!

Das Stück, das nun eine ernste Tradition bricht, bis auch der letzte Zuschauer sich lachend den Bauch hält, ist "Der Preis Martin", ein Spätwerk von Eugène Labiche, verfasst zwölf Jahre vor seinem Tod im Jahr 1876. Ein Stück wie ein seltener Fund im weiten Fundus der Labiche-Kassenrenner, auch dem französischen, versierten Theatermann nicht sehr geläufig. Zu unrecht! Schon Gustave Flaubert, damals schon sehr angesehener Dichter, schwärmte bei der Premiere des "Prix Martin" am Palais Royal von dieser "überaus witzigen Posse" des Kollegen Labiche.

Zentrales Thema der bürgerlichen Komödie in drei Akten ist die unterschiedliche Liebes-Beziehung dreier Paare: die betrogene Liebe eines Ehemanns, ein exotischer Seitensprung eines südamerikanischen Cousins, und die Schmalspurbeziehung eines frischverheirateten Paars.
Und Labiche wäre nicht Labiche, wäre da nicht eine überaus raffinierte Textkonstruktion, die Zerklüftung der Paare und die Spannung von Akt zu Akt steigernd...Und Peter Stein wäre nicht Peter Stein, wären da auf der Bühne nicht ein paar Superpaare: allen voran Jacques Weber in der Titelrolle des Ferdinand Martin, falsch 'perückt' und sich über seine imposante Körpermasse mokierend. Zusammen mit Laurent Stocker, der Comedie Française kurz ausgeliehen, in der Rolle des kranken Freundes, formen die beiden ein urkomisches Dick-und Doof-Duo.

Wer jetzt noch über die Humorlosigkeit der Deutschen pestet, der wird bei Peter Steins zweieinhalbstündigem französischem Liebes-Witz eines besseren belehrt...



"Le Prix Martin" d'Eugène Labiche, mis en scène de Peter Stein: Odéon - Théâtre de l'Europe, 75006 Paris
jusqu'au 5 mai / bis 5. Mai


"Le Prix Martin" de Peter Stein au Théâtre de l'Odéon

Laurent Stocker et Jacques Weber, photo et © Pascal Victor


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